Graisser la chaîne
ou booster le système ?
Communiquer après... ou avant ? Depuis l'ère
industrielle, entreprises et institutions ont graduellement
transformé la communication en auxiliaire de la vente,
du management ou de la gestion publique. Son importance s'est
accrue, ses méthodes se sont professionnalisées,
comme en témoigne l'évolution des techniques visant
à promouvoir un produit, une politique ou ceux qui les
vendent : réclame, publicité "produit", promotion
institutionnelle, marketing viral... Si chaque étape
se distingue par ses pratiques et même par sa "logique"
propre, toutes restent dans une filiation commune : la communication
vient en aval de la décision ou de la production.
Or derrière ce changement progressif se cache une rupture
: elle intervient aussi en amont - pour le pire, quand
c'est le marketing électoral qui commande des choix politiques,
ou pour le meilleur, quand une communication évoluée
sert à mobiliser l'intelligence collective, impératif
majeur dans une société en réseau. Cette
autre communication se combine avec la prospective et
la stratégie dans des démarches parfois complexes.
Tous sont concernés, entreprises, associations ou pouvoirs
publics, ainsi que leurs relations dans des pratiques de gouvernance
elles-mêmes en profonde mutation (n° 126).
Selon bien des formes, dont la diversité ne peut être
traduite ici dans une schématisation qui, par nécessité,
reste assez générale. En résumé
: les "chaînes" ou "filières" de décision
ou de production ont longtemps connu un déroulement séquentiel,
de type : conception > réalisation > diffusion
> mise en uvre. Dans ces enchaînements, la
communication intervient comme lubrifiant, à tous
les stades et particulièrement à la fin pour faire
passer la décision prise ou le produit fini.
Puis, montée en puissance, la communication d'influence
s'emploie aussi à faire changer une décision
ou un produit, si possible avant son adoption ou sa fabrication
: le lobbying intervient comme carburant ou moteur auxiliaire
de la décision. Suite de l'évolution, on décide
selon des processus toujours plus complexes et diversifiés,
décisionnels mais aussi coopératifs : la communication
stratégique prend le relais, pour faire fonctionner
ces processus ; toujours lubrifiant et carburant, elle devient
aussi le comburant qui permet la symbiose des divers
carburants et l'optimisation des processus. Comprendre ces changements
permet d'en tirer parti, ou simplement de ne pas se laisser
dépasser par un jeu qui nous échappe (>>
Communication
iconoclaste). Quelques schémas aideront
à en démêler l'écheveau.
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> Focus : l'évolution du marketing...
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