L'action sans but n'a pas de sens et l'anticipation
suscite l'action... Le mariage de la prospective et de la stratégie
doit s'incarner dans la réalité quotidienne et
donner lieu au travers de l'appropriation (par tous les acteurs
concernés du haut en bas de la hiérarchie) à
une véritable mobilisation de l'intelligence collective
Le plus difficile n'est pas de faire les bons
choix, mais... que chacun se pose les vraies questions. Un problème
bien posé, et collectivement partagé par ceux
qui sont concernés, est déjà presque résolu.
N'est-ce pas ce que signifie Michel Crozier lorsqu'il déclare
: "le problème, c'est le problème !"
L'héritage accumulé en analyse
stratégique est considérable... Les multiples
incertitudes qui pèsent, notamment à long terme,
sur le contexte général montrent l'intérêt
de la construction de scénarios globaux pour éclairer
le choix des options stratégiques et assurer la pérennité
du développement...
Pour Gaston Berger, "regarder l'avenir
bouleverse le présent" ; ainsi l'anticipation invite
à l'action... La prospective est souvent stratégique
sinon par ses retombées du moins par ses intentions et
la stratégie appelle la prospective ne serait-ce que
pour éclairer les choix qui engagent l'avenir
Pour une organisation, la prospective n'est
pas un acte philanthropique, mais une réflexion en vue
d'éclairer l'action et tout particulièrement celle
qui revêt un caractère stratégique.
Si prospective et stratégie sont deux
amants intimement liés, ils restent distincts et il convient
de bien séparer :
1) le temps de l'anticipation, c'est-à-dire
de la prospective des changements possibles et souhaitables,
2) le temps de la préparation de l'action
: c'est-à-dire l'élaboration et l'évaluation
des choix stratégiques possibles pour se préparer
aux changements attendus (préactivité) et provoquer
les changements souhaitables (proactivité)...
La prospective seule est centrée sur
le "que peut-il advenir ?" (Q1). Elle devient stratégique
quand une organisation s'interroge sur le "que puis-je
faire ?" (Q2). Une fois ces deux questions traitées,
la stratégie part du "que puis-je faire ?"
(Q2) pour s'en poser deux autres : "que vais-je faire ?"
(Q3) et comment le faire ? (Q4). D'où le chevauchement
entre la prospective et la stratégie.
Michel GODET, in Prospective stratégique
d'entreprise,
dir. J. LESOURNE et C. STOFFAES, Ed. Dunod 2001
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