Pour préciser son regard vers le futur,
un décideur peut notamment faire appel à des experts
ou co-construire avec d'autres une vision personnalisée.
Le premier choix risque d'être un peu général
et déconnecté des particularités de la
situation, le second dépend beaucoup du paramétrage
de la démarche - définition d'objectifs, choix
des partenaires, pertinence de la méthode - mais présente
un avantage majeur : à plusieurs, on voit plus et mieux,
mais surtout on peut voir d'autres choses et les voir autrement.
De plus, "l'entreprise n'est plus définie
par ce qu'elle produit, mais par la façon dont elle organise
et gère ses relations internes et externes" : désormais,
ce qu'écrivait Charles Goldfinger
en 1994 à propos des relations s'applique plus généralement
à la façon d'organiser et gérer son "intelligence"
de l'environnement actuel et futur (cf.
n° 103,
142),
à commencer par l'indispensable dimension collective.
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Prenons le cas simplifié d'un
dirigeant (schéma A) appartenant à un club
d'industriels (B), qu'il ait ou non une attache territoriale,
soit lié à une filière ou interprofessionnel,
etc. Chaque membre est pour les autres une mine d'information,
qu'enrichit l'échange et la confrontation de leurs
hypothèses et conjectures. L'objection du caractère
stratégique des informations se règle par
la pratique de l'iceberg (cf.
n° 115)
: chacun définit pour son compte ce qui relève
de ses domaines réservé et partagé
(C).
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Le schéma suggère (de D
à E) la portée de la valeur ajoutée,
quantitative et qualitative, produite par cette mise en
commun des apports partagés - qui bien sûr
s'ajoute pour chacun à son domaine propre.
Incidemment, cela change en profondeur
le rôle du consultant (cf.
accompagnements),
qui lui aussi porte de moins en moins sur les contenus
("la connaissance de ce que sera demain") mais
sur les processus ("la meilleure façon de
fonctionner ensemble pour faire émerger des pistes
utiles pour chacun" -
cf. n° 140).
Le temps du gourou est révolu au profit de l'ingénieur-sage-femme,
qui combine une ingénierie de processus coopératif
avec une "maïeutique collective" : tantôt
pour créer un langage commun entre représentants
de cultures professionnelles très éloignées,
tantôt pour concilier les exigences contradictoires
d'industriels en situation de concurrence-coopération,
etc.
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