Management-zapping
ou management-synthèse ?
Tensions, incertitudes et autres bouleversements sont maintenant
considérés comme faisant partie de l'ordinaire,
au point que dans bien des entreprises, on ne se borne plus
à gérer des crises, ou à s'y préparer,
mais on parle plus largement d'un management de crise. Celui-ci
inspire même certaines conceptions du management général,
qui tendent à appréhender le quotidien comme s'il
était une crise permanente ou un enchaînement de
crises diverses. Mieux vaut parer ou préparer que réparer
: dans un monde en mouvement, de telles visions préventives
ou dynamiques ne manquent pas de pertinence. A condition qu'elles
s'inscrivent bien dans une perspective clairement définie
et dans une cohérence globale, relevant elles-mêmes
d'une démarche de synthèse rigoureuse. Faute de
quoi on dériverait vers un management-zapping échappant
à tout contrôle.
Une crise se caractérise par des désordres qui
perturbent l'état d'un corps ou d'un système et
qui peuvent affecter sa stabilité. La société
connaît une importante mutation, donc un changement d'état ;
d'une certaine façon, c'est une crise qui se situe à
un niveau plus large ; à ce titre, elle peut affecter
l'entreprise. Faut-il pour autant adopter ces approches qui
veulent faire du management une sorte de gestion de crise généralisée
? Pourrait-on s'en satisfaire ? Non, surtout si le zapping élevé
au rang de modèle managérial devait compromettre
une vision plus fine et à plus long terme. On ne peut
construire une croissance pérenne sur les ressorts adaptés
à une logique de survie. Dans la gestion de crise, les
enjeux immédiats sont tellement vitaux que la rapidité
de décision et la détermination affichée
l'emportent souvent sur toute autre considération : on
s'accommode de démarches réductrices. Au contraire,
le management courant suppose qu'on prenne en compte non seulement
la mobilité des situations, mais aussi leur complexité
- et qu'on le fasse à tous les niveaux de l'entreprise.
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