L'iceberg de la communication stratégique
Ce dont on parle n'est pas toujours ce dont il s'agit. Particulièrement
quand le sujet est complexe, car on mélange facilement
des choses distinctes. Ou quand les interlocuteurs sont dans
des logiques différentes, or plus la société
est différenciée, plus les situations d'interculturalité
se développent et se diversifient. Ou quand le locuteur
fait un usage modéré de l'écoute et de
l'empathie, car quand "je me comprends", je suis souvent
le seul. Ou quand une dose de mauvaise foi et de manipulation
débouche sur des amalgames coupables, or l'essor de la
société de l'information stimule les pratiques
de désinformation et en décuple les enjeux. En
théorie la parade est simple : dissocier la face visible
de l'iceberg (ce qu'on dit, ou "l'expression") de
sa face cachée (ce qu'on vise, ou "l'intention").
En pratique, il suffirait de cultiver le réflexe, mais
on le néglige un peu. Il est pourtant d'utilité
quotidienne, tant pour être mieux compris que pour décoder
ce qu'on entend - décodage nécessaire quand le
propos n'est pas clair... ou quand il cache autre chose.
"Mais où veut-il en venir ?" Quand Pignon prend
la parole en réunion, on ne peut s'empêcher de
se poser la question. Probablement parce que lui-même,
avant de s'exprimer, a oublié de "tourner sept fois
sa langue" : il ne s'est pas assez interrogé sur
son intention. C'est certainement la plus élémentaire
et la plus visible des déclinaisons de la difficile relation
entre intention et expression : si la première est peu
ou mal explicitée, la seconde sera confuse ou mal maîtrisée.
Sans recherche d'exhaustivité, survolons rapidement quelques
autres déclinaisons, au moins aussi fréquentes
mais souvent moins évidentes.
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