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2 - Faire autrement, le nez au vent...

Le faire et le voir se rejoignent largement, c'est pourquoi il faut dénoncer l'habitude consistant à s'obnubiler sur le savoir faire en négligeant le savoir voir qui pourtant le conditionne (cf. Savoir voir pour donner du sens...). Chacun sait depuis longtemps (quelles conclusions pratiques en tire-t-il ?) que plus on est tendu et se focalise sur une tâche, moins on est apte à saisir les occasions de l'accomplir facilement. Quitte à dire ensuite qu'on n'a pas eu de chance. Tout en observant que les chanceux sont plus détendus et ouverts... Ne prend-on pas la cause pour l'effet ? Conclusions d'une recherche (Dr Wiseman) sur le facteur chance : les "chanceux" appliquent quatre principes simples :
• voir et saisir les occasions favorables ;
• se laisser guider par ses intuitions ;
• s'encourager par des attentes optimistes ;
• toujours chercher ce qu'il y a de positif dans les expériences négatives.

De même dans les relations humaines, où des études récentes démontrent une autre vérité de bon sens aussi peu mise en pratique : ceux qui "lisent" le langage corporel de leurs interlocuteurs évaluent leurs intentions ou la véracité de leurs propos de façon plus précise que ceux qui se contentent d'écouter ces propos. Car l'intuition guide la pensée analytique : les lobes gauche et droit du cerveau sont complémentaires, alors qu'on les oppose trop souvent. Et même si "la logique est le dernier refuge des gens sans imagination" (O. Wilde), "c'est avec la logique que nous prouvons et avec l'intuition que nous trouvons" (H. Poincaré).

Un Prix Nobel de physique est crédible s'il s'exprime sur le sujet ; ainsi, pour Samuel Ting, trois règles s'imposent :
expérimenter, essayer par soi-même et non se borner à appliquer les recettes des experts ; demain sera différent d'aujourd'hui, donc pour être parmi les précurseurs, il faut oser explorer des voies nouvelles ;
être intuitif : il y a forcément quelque part un ailleurs et un autrement qui dépassent de loin le et, le ou, le avec ;
croire aux surprises : les grandes découvertes se font par hasard, donc il faut être prêt à accepter (ou susciter) les changements de donne, en rebondissant sur tout ce qui peut faire évoluer les limites actuelles.

Prolongements avec une expérience conduite par Ilya Prigogine, autre Nobel (chimie) : ayant affamé des fourmis enfermées, on relie par un pont leur aire à un pot de miel. L'une des fourmis, qui courent en tous sens pour chercher de la nourriture, vient à s'engager sur le pont, puis fait demi-tour, constatant qu'aucune autre ne s'y est aventurée - car leur système de guidage repose sur la traçabilité des phéromones qu'elles laissent derrière leur passage. Plus tard, une seconde fourmi suivra ses traces et rebroussera chemin un peu plus loin. Puis une autre, et ainsi de suite jusqu'à la conquête du pot de miel. Parmi les conclusions : si la fourmilière était parfaitement organisée (selon nos critères), aucune aventurière ne se serait engagée sur le pont, car c'est une erreur de guidage qui a entraîné cette dérive ; c'est bien la dernière fourmi qui a "trouvé" le pot de miel - doit-on pour autant lui en attribuer le mérite exclusif ?

Outre les pistes proposées par divers auteurs (voir encadré 2), on méditera sur les sentences créaticides comme :
• restons réaliste ;
• si c'était utile on l'aurait déjà appris ;
• ce n'est pas la priorité du moment ;
• s'il est arrivé à ce poste c'est qu'il sait de quoi il parle ;
• le budget ne l'a pas prévu ;
• si c'était possible, ça se saurait ;
• que penseront les clients (ou les actionnaires, les banquiers, les syndicats, voire les gens) ;
• vous avez réfléchi aux conséquences ;
• faites-moi une note ;
• vous vivez sur quelle planète ;
• c'est bien en théorie, mais ça ne peut pas marcher ;
• c'est bien une idée de femme...

S'agissant d'intelligence, le mot de la fin revient naturellement à Einstein, pour une synthèse de ce qu'il faut éviter : "La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi !"

Jean-Pierre Quentin

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Sommaire et liens
Introduction
1 - Voir autrement : l'intelligence contre le guidon
2 - Faire autrement, le nez au vent...
Définitions : Intelligences
Encadré 1 : De la calèche au GPS : l'acteur et de plus en plus de systèmes
Encadré 2 : Technologie et société : les voies de l'innovation...
Encadré 3 : Pourquoi le nez au vent ?
Encadré 4 : Encore quelques pistes...


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