1. On-dit.
Au sens latin, rumor désigne le bruit qui
court, les propos rapportés : ce qu'on m'a dit,
par opposition à ce que je sais pour l'avoir
constaté moi-même. A ce titre, dans la gestion
de l'information, elle doit être traitée avec sa
spécificité : il faut la valider, la relativiser,
etc. De même, un fait, une hypothèse,
une opinion ou un souhait ont leurs particularités.
2. Média.
Moyennant l'ajout d'un adjectif comme "publique" ou
"populaire" apparaît un sens dérivé
: c'est le vecteur qui transporte ce bruit ou
cette nouvelle. Un message (indication, opinion, instruction...
ou rumeur) est véhiculé par un média
(affiche, presse, site web... ou rumeur publique) : ainsi,
une rumeur peut (condition suffisante, pas nécessaire)
être diffusée par la rumeur.
Pour accroître la confusion, une formule populaire
qualifie la rumeur de "plus vieux média
du monde" (Jean-François Revel), assimilant
le contenu au contenant, le signal au vecteur, le message
au média. Formalisée par Marshall MacLuhan ("medium
is message") au temps de la société
industrielle, une telle assimilation s'applique mal à
la communication de la société postindustrielle,
démassifiée, foisonnante et diversifiée.
Désormais en effet, tout processus de communication
un peu élaboré fait au contraire appel à
de multiples combinaisons permises par le recours simultané
à plusieurs claviers distincts s'appliquant
respectivement, entre autres :
au message - lui-même direct ou indirect,
explicite ou subliminal...
à la technique - texte, son, image fixe
ou animée...
au support - papier, grand écran, petit
écran, téléphone...
3. Calomnie.
Aujourd'hui, dans une acception courante sinon reconnue dans
les dictionnaires, le mot désigne souvent l'information
non vérifiée, sans fondement, voire destinée
à nuire : dans les citations ci-dessous, ne pourrait-on
remplacer "calomnie" par "rumeur" ?
- Une calomnie dans les journaux,
c'est de l'herbe dans un pré. Cela pousse tout seul.
Les journaux sont d'un beau vert
(Victor Hugo)
- Il n'est pas de vertu que la calomnie
ne sache atteindre (William Shakespeare)
- Plus une calomnie est difficile
à croire, plus pour la retenir les sots ont de mémoire
(Casimir Delavigne)
- La calomnie a deux sources courantes
: les grands intérêts et les petites vanités
(Pierre Dehaye)
- Quand une fois la calomnie est
entrée dans l'esprit d'un roi, elle est comme la goutte
chez un prélat : elle n'en déloge plus (Voltaire)
- La calomnie est comme la fausse
monnaie : bien des gens qui ne voudraient pas l'avoir émise
la font circuler sans scrupule (Diane
de Beausacq)
- La calomnie est en politique moins
gênante que la manifestation de la vérité
(Charles Peguy)
- En fait de calomnies, tout ce
qui ne nuit pas sert à celui qui est attaqué
(Cardinal de Retz)
- Il faut recevoir les calomnies
avec plus de calme que les cailloux (Antisthène)
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>>> épigraphes |
(encadré non publié dans la version "papier")
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