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-> Mutation 2000...Un livre de Jean-Pierre Quentin, Le Hameau, Paris, 1982 (texte intégral)

Il n'y a pas d'idées prématurées,
il y a des moments opportuns qu'il faut savoir attendre.
Jean MONNET

CONCLUSION


Nous avons besoin d'institutions qui ne se trompent plus sur le niveau de complexité qu'elles ont à traiter ni sur la nature des besoins et aspirations à satisfaire. C pas sorcier, mais faut s'en OQP au lieu de rêvasser devant la télé sopo. Au-delà des actions de gestion, il faut des actions de clarification et de sensibilisation... [Voir résumé]


Fermement convaincu que nous vivons une période de transition globale entre deux "états" de la société, je suis conscient du caractère discutable de certaines appréciations, à commencer par l'identification de la "socio-culture" ou celle des "technologies combinatoires". Elles sont contestables, car ce sont des interprétations personnelles. J'espère même qu'elles seront contestées, puisque "de la discussion jaillit la lumière"... Ce qui est important, c'est que, quelles qu'en soient nos perceptions, nous connaissons des changements et nous vivons des situations nouvelles qui nous obligent à améliorer le fonctionnement des institutions à partir d'une interrogation sur les finalités de l'action, qui passe par une réflexion sur les relations entre personnes et organisations. Car nous avons besoin d'institutions qui ne se trompent plus sur le niveau de complexité qu'elles ont à traiter ni sur la nature des besoins et aspirations qu'elles ont à satisfaire.

Ces situations nouvelles ont une signification profonde qui dépasse leurs manifestations technologiques, économiques ou institutionnelles : elles concernent fondamentalement les personnes, qui sont capables et avides d'un progrès de civilisation. C'est pourquoi cette réflexion sur les relations entre personnes et organisations est essentielle, si elle peut permettre de mieux harmoniser la recherche de l'abondance matérielle et la promotion de la personne. Et les domaines les plus affectés par les turbulences actuelles sont précisément ceux dans lesquels nous avons aujourd'hui les moyens de concevoir la création d'une plus grande valeur ajoutée économique et sociale : éducation, santé, information, activités de temps libre...

Pour les développer, les institutions ne peuvent se contenter d'actions de gestion, consistant à mettre en œuvre des moyens. Un progrès peut déjà être réalisé à ce stade par la mise en valeur des ressources en énergie, temps et information telles qu'on les a envisagées. Mais préalablement il importe d'engager des actions de clarification : utiliser ces moyens en fonction d'objectifs clairement définis et adaptés à la réalité des situations - c'est-à-dire d'abord aux aspirations des personnes et à la complexité des niveaux d'organisation. Ce qui suppose pour les différents systèmes et sous-systèmes qui composent l'organisation sociale, la formulation de finalités qui soient claires et cohérentes entre elles. Ce qui suppose aussi, plus largement, des actions de sensibilisation qui consistent avant tout en un effort "pédagogique" de diffusion des règles simples mais essentielles qui caractérisent la méthode de l'innovation sociale.

Si ces règles sont simples, elles sont cependant "subversives" par rapport aux systèmes d'éducation tels qu'ils sont actuellement conçus... Or l'enjeu est de taille ! Montesquieu l'a formulé avec force (sous réserve peut-être de l'aspect manichéen des notions de "bien" et de "mal") dans sa préface à "De l'Esprit des Lois" : "dans un temps d'ignorance, on n'a aucun doute, même lorsqu'on fait les plus grands maux ; dans un temps de lumière, on tremble encore lorsqu'on fait les plus grands biens. On sent les abus anciens, on en voit la correction ; mais on voit encore les abus de la correction même. On laisse le mal, si l'on craint le pire ; on laisse le bien, si on est en doute du mieux. On ne regarde les parties que pour juger du tout ensemble ; on examine toutes les causes pour voir tous les résultats (...) . Je me croirais le plus heureux des mortels, si je pouvais faire que les hommes pussent se guérir de leurs préjugés. J'appelle ici préjugés, non pas ce qui fait qu'on ignore de certaines choses mais ce qui fait qu'on s'ignore soi-même". Est-ce un hasard si dans l'univers orwellien de "1984", le maître suprême, "Big Brother", a imposé pour slogan : "l'ignorance, c'est la force" ?

Finalement, s'agit-il d'autre chose que de promouvoir ou réhabiliter la nécessaire réflexion qui doit précéder et accompagner l'action ? Ou encore de retrouver la simplicité originelle de l'interpellation socratique ? En effet, alors que chacun vaque à ses occupations, exerce ses "compétences", Socrate aborde un homme en ces termes : "Arrête-toi, mon ami, et causons un peu. Non d'une vérité que je détiendrais, non de l'essence cachée du monde ; mais de ce que tu allais faire quand je t'ai rencontré. Tu croyais cela juste, ou beau, ou bon, puisque tu allais le faire ; explique-moi donc ce que c'est que justice, beauté, bonté...".


JPQ - août 1982
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