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4 - La mutation de la culture
Le changement s'exprime (changement subi)
et doit être envisagé (changement choisi) aussi
au niveau des paradigmes, ou références mentales,
souvent implicites. Les peurs, débats et non-débats
de la France actuelle en donnent une illustration criante dans
le champ politique, mais c'est vrai aussi dans les champs professionnel
et personnel.
Inertie : on a enfin admis que le monde
changeait, que les vieilles clés ne fonctionnaient plus...
mais on s'obstine à les utiliser au lieu d'en essayer
d'autres. Par exemple, on sait que les relations entre acteurs
(individus ou institutions) peuvent s'inscrire dans différentes
logiques, hiérarchique, contractuelle ou partenariale
(n° 96)
; mais on aborde les situations complexes de gouvernance, jeu
partenarial, dans une logique hiérarchique ("le président
décide") ; faut-il s'étonner que ça coince
?
Résistance : des médiations sont en crise, dont
celles de la démocratie représentative. En partie
pour être mal adaptées à la complexité
croissante. On évolue à grand peine vers des mécanismes
plus subtils, notamment avec la société civile
(n° 127).
Mais l'agitation politico-médiatique détourne
l'attention vers des artifices, jurys populistes, expressions
directes ou autres atrophies : on répond au besoin de
perfectionner les médiations en les amputant.
Hésitation : les années
1945-75, les Trente Glorieuses de Jean Fourastié, ont
été suivies des Trente Piteuses, dont on a les
moyens de sortir. Mais il faut choisir : oser s'engager dans
le futur ou assumer un repli vers le passé (futur ou
passé qu'on dit vouloir... mais sans le choisir) ; le
non-choix cumule les handicaps des deux solutions. Choisir aussi
entre la complication, confusion inextricable, et la simplexité,
complexité maîtrisée simplement, à
l'image du design qui combine simplicité des formes et
performance des fonctions (n°
114).
Adhésion : admettre le changement
du bout des lèvres ne suffit pas, il faut être
convaincu que c'est le bon choix - ce qui passe par une démarche
de synthèse combinant prospective et pédagogie
(n° 102,
111).
Engagement : finalement, le succès
du changement tient à quelques actions - anticipation,
créativité, décloisonnement, mobilité
ou intelligence collective... à condition qu'on ait sauté
le pas. Et là, les mots-clés sont confiance et
ouverture (n° 109,
94).
Sinon, en dernier recours, reste le constat résigné
de Churchill : "Mieux vaut prendre le changement par la
main avant qu'il ne nous prenne par la gorge".
Jean-Pierre Quentin
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